Le lien des retraités d’Indre et Loire. N°17-Décembre 2018
Editorial
Hervé RIGAULT, secrétaire de l’USR CGT 37
ON DIRAIT QUE ÇA PÈTE ?
Depuis des mois, à chaque fois que l’on a une occasion de se rencontrer, il n’y a pas une seule fois où on ne se dit pas : «ce n’est pas possible, ça va pas pouvoir durer comme ça, ça va bien finir par péter». Et bien, aujourd’hui, il semblerait, même si ce n’est pas encore le grand soir, que ça pète un peu partout.
Pour faire simple. Ça pète parce que les politiques mises en œuvre, depuis des années, pour sauver le capitalisme en crise produisent des effets insupportables pour la grande majorité de la population, qu’elle soit scolarisée, en activité, au chômage ou bien en retraite. On n’en peut plus ! Et en plus Macron multiplie les provocations humiliantes, pas la peine d’en faire la liste ici.
Donc ça pète. Ça a pété et ça pète encore chez les cheminots. Ça pète dans les raffineries. Ça pète chez les pompiers. Ça pète chez les ambulanciers. Ça pète chez les hospitaliers. Ça pète dans les lycées. Ça pète chez les avocats. Ça pète chez les policiers … et j’en oublie. Il paraîtrait même, figurez vous, que ça commence à péter chez certains préfets !
Et puis, il y a les fameux gilets jaunes.
On s’en est d’abord méfié : «on ne sait pas qui c’est, ils ne sont pas clairs, ils sont bordéliques, ils ont de mauvaises fréquentations, ce n’est pas démocratique, c’est violent, on n’a pas la même culture, ils ne veulent pas de nous, les médias les soutiennent … etc.» Ce n’était pas tout faux. On avait aussi et ça se comprend, un peu l’impression de se faire cocufier.
Et puis, petit à petit, ça a changé. On s’est rendu compte que leurs revendications sont à 90 % proches des nôtres. Notre travail y est peut être pour quelque chose ? Ils ont (pas partout c’est vrai) fait un peu le ménage chez eux. Pour beaucoup, ce sont des travailleurs pauvres bossant dans des boites au milieu de déserts syndicaux. Mais il y a aussi des syndiqués et des syndiqués à la CGT. On voit bien que le gouvernement ne leur répond que par la violence, à coups de matraque, de grenades ou de balles en caoutchouc, tant pis pour les dégâts humains. Leur détermination mérite le respect.
Alors et si, finalement, le jaune se mariait au rouge, comme le dit Philippe Martinez, qui y perdrait ?
Alors on fait quoi ?
Même si on ne se sait pas si le mouvement va durer longtemps, le syndicalisme aurait beaucoup à perdre s’il tombait dans l’un des deux panneaux suivants :
– le repli sur soi et la frilosité envers le mouvement qui entérineraient pour longtemps la coupure entre une large partie des salariés et les syndicats, toutes organisations confondues
– à l’inverse, la dissolution dans le mouvement qui liquiderait plus d’un siècle d’expérience, de travail d’organisation, de luttes et de conquêtes.
Le mouvement nous interpelle, nous devons donc, tout en restant lucides, élever notre niveau d’action à hauteur des enjeux énormes qui se dessinent dans la société.
- Renforcer le travail syndical dans les UL, les UD et les entreprises pour créer de nouvelles bases syndicales
- Renforcer les organisations existantes. Il ne faut plus de déserts syndicaux.
- Faire connaître à tous les salariés, quelle que soit la couleur de leurs gilets, nos analyses, nos revendications, en débattant sans sectarisme partout où nous le pouvons.
- Multiplier, sans attendre, les initiatives, autant que possible d’une manière unitaire, condition de notre crédibilité.C’est ce à quoi s’attachera l’USR dans les jours qui viennent, notamment en lien avec l’intersyndicale des retraités et bien sûr avec l’UD. Les choses peuvent évoluer très vite dans les jours qui viennent, restons soudés, restons en contact.