Le lien des retraités d’Indre et Loire. N°33- Mars 2023.
EDITORIAL
Hervé RIGAULT
Une réforme vraiment injuste. L’urgence est à la mobilisation générale !
Les arguments justificatifs de la nécessité de la réforme mis en avant par le gouvernement (espérance de vie, équilibre financier du régime, part des pensions dans le PIB) ne résistent pas à une analyse critique sérieuse. Cf rapport du COR. D’autant plus que le gouvernement refuse obstinément de discuter les pistes alternatives de financement (augmentation des salaires, égalité des salaires Hommes Femmes, abandon des exonérations patronales, augmentation des cotisations patronales, cotisation des revenus spéculatifs…) avancées par les organisations syndicales.
D’autre part, la destination des économies escomptées sur le dos des travailleurs les plus âgés (perte de 2 années de retraite) reste floue et objet de déclarations dissonantes. On a un peu tout entendu. On a aussi vu l’explosion du budget militaire. Travailler plus pour faire la guerre !
En outre, les contreparties prétendument sociales avancées par la propagande du pouvoir (plancher à 1 200 euros, index senior, prise en compte de la pénibilité ) sont inconsistantes, voire farfelues. Sur cet aspect de sa réforme, le gouvernement a d’ailleurs largement perdu le débat et dorénavant semble presque renoncer à défendre ses positions.
Par contre, les seules certitudes établies concernent les effets de cette réforme sur la vie des travailleurs salariés et ils sont négatifs (risque de chômage en fin de carrière, inégalités creusées entre les Femmes et les Hommes, perte des deux meilleures années de retraite …). De son côté, le patronat est totalement exonéré de tout effort, au contraire il demeure plus que jamais sous perfusion de fonds publics au nom de l’emploi et de la compétitivité avec les résultats que l’on connaît.
Enfin, les motifs réels de cette réforme sont plutôt à chercher du côté de la soumission aux exigences budgétaires libérales de l’Union Européenne, de la main mise sur les fonds de réserve des régimes de retraite, d’un arbitrage sur l’appropriation des richesses favorable au capital contre le travail (au nom de la fumeuse théorie du ruissellement). C’est aussi la recherche d’une perte de confiance dans le régime par répartition afin de favoriser le développement d’un système complémentaire promu par le secteur assurantiel privé. C’est la volonté politique d’en finir avec toute institution autonome et collective construite par les travailleurs salariés eux-mêmes pour faire face à leurs besoins fondamentaux. Il faut faire place au tout marché.
Et puis, par-dessus tout, l’objectif poursuivi par le pouvoir, c’est d’écraser toute résistance et même l’idée d’une résistance à la domination sans partage du capital et enfin, de détruire définitivement tout ce qu’il reste des acquis du Conseil National de la Résistance et des conquis des trente glorieuses.
Pour résumer, cette réforme n’est ni justifiée ni nécessaire. Ses effets sont socialement régressifs. Elle ne peut satisfaire que les intérêts du Capital contre ceux du Travail. La plus grande partie de la population en est largement consciente.
Alors, y a-t-il vraiment quelque chose à négocier ? Y a-t-il autre chose à exiger que le retrait complet de cette réforme ? La CGT propose une autre réforme des retraites. Il s’agit non seulement de s’opposer au projet Macron-Borne, mais aussi de partager les propositions de la CGT pour améliorer le système de retraite existant : retour à un départ à 60 ans, pension minimum au niveau du SMIC à
2 000€, prise en compte des années d’études, … Voir repère revendicatif CGT n°23 :
Nous devons tout faire pour élargir la mobilisation et mettre le pays à l’arrêt pour que ce mouvement soit un moment fondateur qui nous fasse enfin sortir des cycles de défaites que nous subissons depuis trop longtemps. On n’a rien à perdre et tellement à gagner !
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